Vivre un moment de grâce et aller prendre son train

"La vie est un hall de gare dans lequel ceux qui arrivent croisent ceux qui partent. Parfois on s’arrête un instant, sans plus." (Gare aux valises)... Un mouvement perpétuel de voyageurs, du monde partout, des annonces sonores, des odeurs réjouissantes... ou pas... pourtant, j'aime les gares, ces endroits de passage qui laissent entrevoir de nouveaux horizons. Je tiens sûrement cela de mon père, élevé dans des gares, avec un papa chef de gare.

Je me rappelle de l'installation de mes parents à La Ciotat, de mes visites, de l'arrivée de mon train Paris/Marseille en gare de Marseille Saint-Charles. Dès la descente sur le quai, une impression de vacances, puis hop, hop, hop, une petite course pour aller attraper le TER pour La Ciotat. Nouvelle descente sur le quai des frères Lumière, une odeur de pin enivrante... c'est vraiment les vacances.

Bref, une gare c'est chouette, mais ce n'était pas jusqu'alors un endroit de rencontres ou de discussions. Jusqu'à CETTE installation ! La SNCF a installé dans plusieurs gares des pianos ! Quiconque veut s'assoir un moment et jouer un morceau peut s'arrêter, poser ses mains sur ce bel instrument et faire vibrer les cordes sensibles. Des gens se regroupent, se saluent, sourient ensemble, applaudissent, sont en contact.

L’autre matin, nous étions en partance pour Paris depuis Marseille Saint Charles. Nous nous sommes arrêtés pour regarder une jeune fille et son père improviser un quatre mains. Nous l’avons applaudie, elle était fière, son père aussi. Puis je me suis lancée parce que c’est sympa de s’y remettre, même après 20 ans d’arrêt (ouch… 20 ans, dit comme cela, ça pique un peu). Puis un type vraiment doué s’est installé. Un moment de grâce où les spectateurs improvisés sont émus, se regardent et sourient. C’est l’heure de prendre notre train, et nous prenons le temps de nous dire au revoir, nous qui avons partagé un moment d’émotion ensemble.

Arrivés à Paris, un autre piano résonne Gare de Lyon. Tiens donc, quelqu’un salue-t-il notre arrivée ?